Aromantik, mwen sav man aromantik (ou pas ?…)

Bonjour tout le monde ! Ça fait un moment n'est-ce pas ?

J'avais pas mal mis de côté ce blog, pas vraiment par envie mais parce que je ne savais plus quoi écrire ici. Les réseaux sociaux ont plus ou moins pris le relais pour recueillir au moins une partie de mes confidences et autres réflexions plus ou moins politique. L'envie d'écrire ne m'a cependant jamais quittée et aujourd'hui, elle se fait plus présente. Me revoici donc, j'espère pour longtemps.

Il m'a été demandé hier de définir « asexualité » et « aromantisme ». J'ai alors réalisé que je suis incapable de définir l'aromantisme. Car j'ignore comment définir l'amour et ce qu'est d'être amoureux·se. Comment alors définir un concept qui est censé s'éloigner de ces ressentis ?

La seule définition que je suis capable de donner est : « Je ne ressens pas de sentiment amoureux ». Mais je suis parfaitement insatisfaite de cette réponse. Parce que, si j'ignore ce qu'est « être amoureuse », comment être sûre que ça ne m'arrivera jamais et même : comment saurais-je que je le suis, si un jour je le suis ?

J'avais 15 ans quand j'ai commencé à me définir comme « aromantique ». Je pensais même avoir inventé le terme, que j'utilisais un peu comme une blague, pensant sincèrement qu'un jour, « je trouverai la bonne personne » ; car c'était en réponse à ma seule et unique déception amoureuse. J'en parle un peu dans « Personne ne m'aimera parce que je suis noire ».

Depuis, si je sais que mon cœur ne bat pas la chamade à la vue de quiconque et que cette expression « avoir des papillons dans le ventre » me laisse perplexe, je me sais capable de donner affection, tendresse, attention et même peut-être du plaisir. Je sais aussi que je ressors brisée à chaque fois que l'on me quitte.

Mais en quoi tout cela est différent de l'amour romantique ? Où se trouve la frontière ? N'est-elle pas arbitraire ? Est-ce que je me trompe en me disant aromantique ? N'est-ce pas un moyen pour moi de ne pas avoir à faire face à d'autre sentiments plus profonds et sombres ?

Ces questions-là, et surtout la dernière, je les évite depuis trop longtemps. Et je sens qu'il est aujourd'hui temps d'y faire face.

Quel dommage que je déteste le vert (en dehors des végétaux évidemment)

Quel dommage que je déteste le vert (en dehors des végétaux évidemment)

« Qu'est-ce que l'aromantisme ? »

Si ces questions me tourmentent tant, ce n'est pas seulement parce que je me dis aromantique en réaction d'un cœur brisé à 14 ans, pendant un deuil (décidément…). C'est aussi et surtout parce que depuis longtemps maintenant et j'en parle relativement succinctement dans l'article que je cite plus haut (« Personne ne m'aimera parce que je suis noire »), je passe le plus clair de mon temps à m'auto-dénigrer. Mais ce que je ne dis pas dans cet article, c'est que si je sais que je peux être désirée, je suis bien plus persuadée que je ne suis, n'ai jamais été et ne serai jamais aimée. Pas parce que je suis noire, mais bel et bien parce que je ne suis pas une personne suffisamment digne d'intérêt pour ça. Je ne suis que celle que l'on jette, et la totalité de ma vie « sentimentale » en atteste.

Alors mon aromantisme est devenu une sorte de refuge. Refuge où je n'ai pas à questionner cette certitude : « Je n'aimerai personne alors qu'est-ce que ça peut faire que l'on ne m'aimera jamais ? ». Pourtant c'est loin, très loin d'être aussi facile.

Petite parenthèse (pas vraiment mais faisons comme si) :

Quand je vais très mal, j'ai tendance à développer une sorte de béguin pour quelqu'un(apparemment, ça s'appelle un « squish » chez les personnes aromantiques). De préférence une personne que j'ai l'assurance de ne jamais rencontrer, qui n'a pas conscience de mon existence même : Une célébrité quelconque ou même –rarement– un personnage fictif, qui servira de réceptacle à tous les sentiments positifs que je peux ressentir envers quelqu'un tout en ayant l'assurance de ne souffrir d'aucune forme de rejet et qui répondra d'une certaine manière à mes besoins de tendresse sans que je n'aie jamais besoin de les réclamer et donc, encore une fois, sans avoir à faire face à d'éventuels rejets.

En ce moment, je subis deux deuils en même temps. J'ai donc en ce moment deux « réceptacles ». C'est inédit et assez étrange à vivre.

Il y a cependant un revers à tout ceci : ce mode de fonctionnement s'accompagne toujours d'un sentiment qui ne me quitte jamais : la honte.

Il faut savoir que cette honte, je la ressentais déjà quand j'avais une sorte de béguin pour des personnes qui elles, savaient que j'existe : « Comment osé-je poser le regard sur cette personne ?! Moi qui suis si nulle/laide/bête/sans intérêt/autre ! ». C'est étrange d'avoir honte d'apprécier et de vouloir la compagnie de quelqu'un non ?

Cette détestation de moi-même ne s'arrête pas à mon inexistante vie sentimentale. Je me sens incapable, tout court.

Des gens qui ont le béguin pour telle ou telle personne, célèbre ou pas, réelle ou pas, c'est ni inédit, ni grave, et encore moins honteux ou que sais-je encore ! Alors pourquoi je trouve ça anormal quand il s'agit de moi ? Je réalise maintenant à quel point c'est irrationnel mais il n'en reste pas moins que j'ai du mal à lutter contre cette honte (ai-je déjà seulement essayé ?…).

Alors je me demande : suis-je vraiment aromantique ou est-ce que je me sers de cette orientation pour ne pas avoir à faire face à cette honte et cette haine farouche de moi-même ?

Le fait est que je ne ressens pas (ou que je m'empêche de ressentir) tout sentiment amoureux envers quiconque. Et rien ne me permet d'affirmer si cette honte dont je ne fais que parler en est à l'origine ou si mon aromantisme coexiste de façon très commode avec cette honte qui m'habite. Je m'aperçois que la seule façon de répondre à cette question est de vraiment comprendre faire disparaître totalement cette honte. C'est un travail titanesque qui ne saurait être accompli ici et que je ne serais en aucun cas capable d'accomplir seule. Depuis le temps que je me dis que je dois consulter…

Ceci étant dit, il est peut-être temps de nous pencher sur « la » définition de l'aromantisme, non ?

Wikipédia nous dit donc :

L'aromantisme (abrégé aro, aussi aromantic spectrum en anglais) est une orientation romantique qui consiste à peu ou ne pas éprouver d'attirance romantique, quel que soit le sexe ou le genre de la personne. L'opposé de l'aromantisme est appelé alloromantisme : les personnes alloromantiques sont définies comme des personnes qui éprouvent de l'amour romantique ou de l'attraction romantique envers d'autres. Les personnes aromantiques peuvent avoir envie de développer des relations amicales ou queer-platonique et ne pas avoir envie d'être en couple romantique.

Wikipédia

Jusqu'ici ça semble simple (et notez que l'on peut avoir envie d'être en couple même en étant aro, ce qui est mon cas).

Notons aussi une chose intéressante :

Puisque l'expérience de l'attraction romantique est très subjective, certaines personnes aromantiques peuvent trouver difficile de déterminer si elles ressentent une attraction romantique. Elles peuvent s'engager dans des relations qui ne peuvent être définies strictement comme romantiques ou platoniques, comme les relations queer-platoniques.

Toujours Wikipédia

Nous y voilà ! Je suis donc loin d'être la seule à me poser des questions sur ce qu'est l' « attraction romantique », bien que j'ignore si ça implique de s'interroger sur ce qu'est le sentiment amoureux.

Il y a donc de vraies questions à se poser sur ce que peuvent être l'attraction romantique et le sentiment amoureux. C'est une piste que j'aimerais creuser plus en profondeur. Je vais donc m'arrêter là pour cet article, faire des recherches et revenir ici avec mes réflexions à ce sujet. Ça aussi ça m'avait manqué : lire, analyser, synthétiser et « vulgariser » mes lectures et autres conférences, filmées ou audio, comme je l'avais fait pour la Communication Non-Violente.

Au moins ça va occuper mon esprit et mon temps…

Je vous dis donc à bientôt j'espère, si tout se passe bien, sur une autre plateforme qu'OverBlog (très probablement Wordpress, ça m'obligera à me replonger dans du code, même si c'est du PHP…).

 

Addendum :

Le titre de cet article fait référence à cette chanson :

Le refrain commence en disant : "Je sais que je suis trop romantique" contrairement à mon titre qui dit "Je sais que je suis aromantique"

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